Crescendo Magazine: Un Italien en Suisse
Le label suisse Claves publie un CD monographique de la musique d’Orazio Sciortino consacré à sa musique récente pour piano et cordes.
Le programme débute par un duo violoncelle – piano, Journal d’un poète, une œuvre écrite en 2013, mais qui utilise aussi du matériau de 2004, des lieder sur des textes de Ungaretti à propos de la mort de son enfant. Le compositeur nous dit que ces cinq pièces très virtuoses, surtout pour le violoncelle, peuvent être considérées comme des chansons sans paroles. Le langage atonal est tout à fait maîtrisé, et les dissonances qui en résultent ne sont pas dérangeantes. Avec un peu d’effort, tous les mélomanes devraient pouvoir apprécier cette musique au tempérament bien marqué.
Le Trio de 2012 est né comme un cadeau pour un ami, courte pièce qui s’est progressivement développée. Comme pour la composition précédente, le piano est envisagé comme instrument concertant. Il est accompagné du violon et du violoncelle, plutôt que l’inverse. Manifestement, avec cette pièce en un mouvement comme avec les cinq petites pièces précédentes, le compositeur italien fait preuve d’une forte personnalité. C’est aussi le cas avec le Quatuor à clavier, la pièce la plus complexe du cycle.
Ce sont des variations cachées qui ne disent pas leur nom, mais qui apparaissent simplement comme des épisodes successifs. C’est aussi la pièce la plus longue, mais on ne s’embête pas un seul moment. L’usage de la contrebasse ans le Quintette à clavier qui clôt le disque, est une référence au quintette La Truite de Schubert. On glisse d’une section à l’autre sans qu’on en voie les coutures.
Après un peu plus de quatre minutes, un long passage lyrique bienvenu privilégie les longues notes tenues aux cordes, avec un piano (c’est le compositeur qui en joue) qui se tait. Cela fait du bien, et témoigne du sens des contrastes et de la clarté formelle dans cette belle musique, accessible à ceux que les dissonances n’effraient pas.
Son 9 - Livret 9 - Répertoire 9 - Interprétation 10
Source de l'article: Crescendo Magazine (BE), par Dominique Lawalrée, le 6.11.17
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