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Concours Clara Haskil: Critique de Guillaume Bellom – Demi-finales – 26 Août 2015

Ce jeudi 27 août, le théâtre de Vevey Le Reflet a accueilli la première partie des demi-finales du Concours Clara Haskil. Après les performances d’Ismaël Margain et de Misora Ozaki, ce fut le tour de Guillaume Bellom d’entrer en scène, afin de clore cette soirée musicale.

Le jeune pianiste français de 23 ans est issu du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, où il a travaillé avec Nicolas Angelich et Romano Pallottini. Il a entamé son programme avec la Sonate pour piano et violon en fa majeur de Mozart avec Esther Hoppe au violon. Le pianiste n’a pas utilisé une large palette de nuances dans cette sonate, quitte à ne pas toujours être en retrait lorsque le violon a la mélodie. Néanmoins, on a senti que son jeu a galvanisé la violoniste. Son utilisation des nuances forte a incité Esther Hoppe à diversifier son spectre dynamique, ce qui a permis aux deux interprètes d’exprimer une énergie communicative. Il a pu ainsi, grâce à la musique de chambre, se démarquer des deux candidats qui l’ont précédés.

Le public a pu ensuite découvrir le candidat en prise avec une oeuvre contemporaine créée à cette occasion. En effet, le concours a commandé à Thomas Adès une partition, Variations for Blanca, interprétée par tous les demi-finalistes. Comme le titre l’indique, il s’agit d’un thème suivi de ses variations, forme que le compositeur traite de manière traditionnelle. Mais malgré cette clarté formelle, il faut un temps d’analyse pour identifier dans chaque variation la présence du thème. Les six candidats qui jouèrent l’oeuvre ne parvinrent pas tous à rendre intelligible le thème dans chacune de ses apparitions. Guillaume Bellom y parvient avec aisance. Son discours révèle une réelle compréhension de l’oeuvre, ce qui lui permet d’en livrer une interprétation convaincante. En contrepartie, on a pu regretter un manque d’intériorité et de liberté dans l’expression.

La soirée s’est terminée par son interprétation des Davidsbündlertänze de Schumann qui fut, elle, magistrale. Il aura fallu attendre la dernière pièce de son programme pour qu’il révèle tout son potentiel musical. On a senti une implication personnelle qui lui faisait défaut dans la sonate de Mozart et dans la pièce de Thomas Adès. Une large palette de nuances, d’articulations, de timbres, de couleurs…tout était là. Son discours était réfléchi, intelligemment structuré, et abouti ; le caractère de chaque danse était différencié, évoquant les multiples figures ou compagnons de David qui hantent ce cycle schumannien.

Globalement, Guillaume Bellom a donné un concert réussi qui a su allier énergie, enthousiasme et caractère. Ses choix n’ont peut-être pas plu à tout le monde, mais on ne peut en tout cas pas lui reprocher de ne pas avoir fait des choix musicaux hautement personnels.

Sébastien Cayet