Dans ce premier volet d’une intégrale des concertos pour instruments à vent de Mozart, Alexis Kossenko tord définitivement le cou à la rumeur tenace selon laquelle Mozart aurait détesté la flûte. Dès le Concerto en sol majeur, celle-ci sait se rendre aimable. D’abord par une impressionnante agilité qu’on ne retrouve pas dans le KV 314, écrit à l’origine pour le haut- bois et transcrit à l’été 1777 par le compositeur. Ensuite par le lyrisme de son timbre, lumineux dans le registre aigu, plus rond dans le grave, quoique moins sonore. Et, à l’évidence, Wolfgang se livre autant dans l’Andante en ut majeur que dans ses airs d’opéra les plus fameux. Voilà ce que nous enseigne le soliste tout au long du disque, dont la sensibilité et le jeu captivant aideront à passer sur un orchestre un peu prosaïque.

Dans un KV 313 aux contrastes tranchés et aux équilibres attentifs, la flûte choisie par Kossenko donne aux chromatismes de l’Adagio une couleur inédite. Dans le KV 299 pour flûte et harpe, composé à Paris en 1778, un modèle à huit clefs lui permet d’atteindre les notes les plus graves -dont jouissait l’instrument du commanditaire. Mozart en tire les meilleurs effets, comme ces crescendos inspirés de l’école de Mannheim qui retrouvent ici leur modernité. La harpiste Valeria Kafelnikov prend en outre le temps de souligner le discours harmonique sans aucune outrance, ni dans le mineur ni dans le ton napolitain de la cadence (Allegro).

Nos solistes agrémentent à loisir à la reprise de l’Andantino. C’est enfin le formidable rythmicien que célèbrent les musiciens dans le Rondeau.

Bertrand Hainaut

Lire l'article: Diapason Magazine, novembre 2022

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