Le pianiste brésilien livre un beau premier disque et joue au Zermatt Festival.

«Si je dois en faire un, ce sera celui-là!» Voilà ce que Cristian Budu s’était dit en s’inscrivant au Concours Clara Haskil, en 2013, car la figure de la pianiste roumaine, son répertoire et la philosophie du concours correspondent parfaitement à ce qu’il recherche. Mais le pianiste brésilien d’origine roumaine, qui n’avait jusqu’ici brillé que dans son pays, s’attendait si peu à le remporter qu’il n’avait même pas pris le temps de travailler un concerto. Il a dû travailler celui de Schumann comme un fou pendant deux jours avant la finale. «Je suis tombé à la renverse quand j’ai appris le résultat», se souvient-il encore avec émotion.

Trois ans plus tard, Cristian Budu est toujours le lauréat en titre du Prix Clara Haskil, puisque le concours veveysan n’a décerné aucun prix en 2015. Cette médaille a évidemment changé sa vie: «Personne ne vous écoute et, du jour au lendemain, tout le monde veut vous inviter. Et surtout, il faut préparer rapidement des œuvres dont on n’a pas l’habitude.» Apparemment, le pianiste a trouvé depuis un nouvel équilibre, même s’il poursuit encore sa formation à Boston.

Premier disque solo

Conséquence directe du concours, son premier disque solo vient de paraître chez Claves, avec une vision très personnelle des 24 Préludes, Op. 28 de Chopin et des Bagatelles, Op.33 de Beethoven. Capté sur un superbe instrument à la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds, l’interprète y cultive une sorte d’énergie instantanée, cinglante et sensible, qui a été saluée par la critique internationale.

«Je voulais vraiment graver les Préludes avec qui je vis depuis si longtemps, que je ressens comme des peintures sonores, entre la vie et la mort.» Pas facile de trouver un complément à cette série, mais Cristian Budu a trouvé une issue qui prolonge le voyage. «Puisque ces miniatures sont très contrastées, pourquoi ne pas les combiner avec celles du jeune Beethoven? Ces pièces simples, pleines d’humour piquant mais aussi très profondes, appartiennent au Beethoven qui me touche. On y sent le pianiste virtuose et l’improvisateur qui stimule l’interprète.» Il ne faudrait pas réduire le Brésilien à un miniaturiste instinctif. Il aime aussi les grandes formes. Au festival de Zermatt, où il joue à deux reprises, il associe ce samedi les Préludes de Chopin à la Sonate Waldstein de Beethoven. (24 heures)

Cristian Budu est né à Saõ Paulo (Brésil) de parents émigrés roumains. (Image: Elan Asch)