24 Heures: Le passionnant sacerdoce d’un amoureux de musique - Benjamin Righetti
Portrait
Benjamin Righetti, organiste de St-François, se démultiplie en période de Noël, mais pense déjà à Pâques!
Benjamin Righetti nous interprète «In Dir ist Freude» écrit par Jean-Sébastien Bach pour la nouvelle année.
Vidéo: Anetka Mühlemann Photos: Patrick Martin
La vie de Benjamin Righetti n’a rien d’un fleuve tranquille, mais, durant la période qui précède Noël, ça déborde de partout. «Il y a bien dix jours de folie où il faudrait avoir un calendrier à deux couches et des journées de trente heures», reconnaît-il. Rencontré au kiosque de St-François à Lausanne quelques jours avant cette semaine intense, l’interprète de 34 ans ne semblait pourtant pas stressé par cette perspective, qui inclut sa participation active au Grand Nouvel-An du 31 décembre à l’église St-Laurent (dès 18h, sans réservation).
Hyperactif et hyperinventif, l’organiste titulaire de l’église St-François ne vise pourtant pas l’exploit en soi. «La semaine est déjà normalement pleine, mais il faut rajouter des concerts supplémentaires comme la chantée de Noël, que j’accompagne. Le plus difficile est de trouver des moments de répétition. L’autre jour, j’en avais pratiquement deux en même temps!»
C’est que le talentueux organiste mène de front son poste de musicien d’église et celui d’enseignant à la HEMU, en plus de sa carrière de concertiste. Il essaie toujours de tendre des passerelles entre ses temps partiels, organisant par exemple des auditions d’élèves sur l’orgue de l’église, ce qui lui permet de faire un concert de Noël pour les parents! «Tous les lundis, je donne aussi un petit récital à 18h, sorte d’office musical, et quand je ne suis pas là, je confie la tâche à mes étudiants.» Le rythme régulier du calendrier liturgique lui permet sans doute de se donner un cadre structurant qu’il met un point d’honneur à respecter, mais dont il joue aussi. «Il m’arrive souvent de décider à six heures moins dix ce que je vais interpréter au culte de six heures, rigole-t-il. Cela se fait souvent à plusieurs, avec les musiciens du concert de cinq heures.»
Quand on évoque sa participation pour établir la saison musicale au sein de l’Association des Concerts de St-François, on entrouvre une autre facette de son activisme. Le voilà qui s’enflamme pour deux Passions selon St Marc en création ce printemps, et pour la musique du culte de Pâques, qu’il a confiée à sept compositeurs, dont lui-même. «Je reconnais que, si je suis plongé dans Noël pour travailler la musique, pour la programmation, je me projette déjà vers Pâques!»
Cette année, Benjamin Righetti avait ajouté une contrainte supplémentaire pour le programme des concerts de Noël éclairés aux bougies: il a lui-même arrangé la partition de la Cantate de Noël d’Arthur Honegger pour remplacer tous les vents par l’orgue. Un surcroît de travail qu’il accepte avec simplicité et humour: «Je passe beaucoup de temps sur ma partition, à la tribune, pour m’exercer. Je n’ai vraiment pas l’impression de passer des heures à regarder le lac pour trouver l’inspiration! Tout cela est très artisanal, mais ce n’est pas antinomique avec quelque chose qui nous dépasse.»
«Le public nous accoste sans cesse pour nous remercier d’offrir cette alternative au Noël mercantile.»
On touche sans doute là au cœur de la motivation de l’organiste: «Le métier de musicien d’église a beaucoup de sens pour moi. C’est une autre forme d’interprétation et de transmission que celle, verbale, du pasteur, mais elle fonctionne bien dans notre société.» Et il ressent cela très fortement dans le contact avec les gens, en particulier à cette période de l’année: «Le public nous accoste sans cesse pour nous remercier d’offrir cette alternative au Noël mercantile. Sans cela, ça ne pourrait être qu’une période de stress. Mais je l’accepte pour les beaux moments que l’on partage avec les gens.»
Et le Noël privé de Benjamin Righetti dans tout ça? L’organiste se retrouve souvent seul à l’église en train de travailler, alors qu’on cherche généralement de la compagnie dans ces moments-là. «Mais après tout, je me dis que c’est pour préparer le Noël des gens. On est aussi seul quand on prépare le rôti ou la dinde pour les invités. Chacun son boulot!» Cela dit, il apprécie particulièrement le fait que le 25 décembre, il n’y ait pas de célébration à St-François, ce qui lui laisse le temps de profiter d’un cadre plus personnel. «Ma mère est pasteure de rue à Lausanne et on se croise toujours à Noël sans le planifier. Le jour de Noël, je mange à midi avec mon grand-père qui vit dans la même maison que moi et je vais aussi dans la famille de mon amie.»
Source de l'article: 24 Heures, Matthieu Chenal 28.12.2016
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