L’aube, le matin, le temps de midi, le soir, puis la nuit… Les moments de la journée ont inspiré les compositeurs, de l’époque romantique à aujourd’hui. C’est ce fil universel que tire le pianiste Finghin Collins, dans un récital discographique qui illustre l’inspiration d’une dizaine de femmes et d’hommes, qui se sont servi du piano solo pour transcrire leurs sensations, du réveil confiant au soleil de plomb, de la mélancolie du couchant aux mystères nocturnes… Finghin Collins, c’est ce pianiste irlandais lauréat en 1999 du Concours Clara Haskil de Vevey, musicien complexe, très actif et demandé, mais sans être starisé – les lauréats du concours sont précisément des personnalités artistiques solides plutôt que démonstratives. Il reste depuis plus de vingt ans fidèle au label suisse Claves, dont le producteur est Patrick Peikert, également directeur du concours. [..]

Mettre en valeur des compositrices n’est pas le moindre des mérites de Finghin Collins. Il interprète en ouverture la subtile Aubade op. 140 de Cécile Chaminade et, vers la fin du voyage, le Notturno tirée des Soirées musicales de Clara Schumann. Après Amy Beach, il place les vagues tourmentées, graves et inquiétantes de la pièce Evening d’Eric Sweeney (né en 1948 et mort 2020): le contraste déroute. Il prépare aux bouleversantes Harmonies du soir de Liszt, enveloppées dans les puissantes résonances du piano.

Il faut citer aussi l’ambiance brûlante, la suffocation sous les rayons verticaux, du Midday de Gerald Barry (né en 1952), pièce répétitive qui a donné au pianiste le désir de créer ce récital. Enfin les évocations de la nuit s’installent avec la modernité de Bartok (The Night’s Music) pour finir avec l’apaisé Nocturne op. 15 No. 2 de Chopin… Chaque pièce rend compte de l’univers personnel et intime d’un compositeur, et est parfaitement juste et inspirée.

Elisabeth Haas

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